Textes d’Alfred-Georges Regner

Traité de dessin

1939-1948

Traité de dessin

Éléments de lettres de Regner

Lettre à M.X.

Fontainebleau, le 21 octobre 1947

Monsieur, Je suis parfaitement d’accord avec vous sur l’aspect décoratif de mon ensemble. C’est seulement par le voisinage des autres exposants que je m’en suis aperçu. Dans mon atelier je ne m’en rendais pas compte. Je lutterai à l’avenir contre cet écueil. Je pense que c’est en cherchant à me débarrasser de mon réalisme (j’ai été sociétaire du Salon des Artistes Français) que je suis tombé dans cet excès. Sentimentalisme dites-vous. Oui, mais à la Greuze. Sous cet aspect anodin par la psychanalyse on peut découvrir un érotisme censuré. Le cheval à bascule donne l’idée de balancement, d’avances et de reculs, de frottements. La forte personne blonde tient la queue du cheval dans sa main droite, pour que le symbolisme soit complet. De la main gauche elle caresse deux gros grains de son collier. Le mouvement de sa cuisse est également révélateur. Le petit garçon a les orteils en éventail comme lorsqu’on lance son venin. Enfin la personne blonde n’a pas de coiffe sur la tête, elle n’est plus innocente. Le petit garçon par contre possède un chapeau (symbole de son pucelage), chapeau en papier donc peu solide pouvant se déchirer prochainement. La couleur est en noire, ce qui fait penser à des amours incestueuses soit avec une grande sœur soit avec une jeune maman. Vous voyez que le contenu latent de cette peinture est assez risqué. Je suis heureux que tout soit assez dissimulé, je ne veux pas tomber dans la littérature. Je vous remercie bien vivement pour votre bienveillance dans laquelle je puiserai un puissant stimulant pour mes recherches picturales. Peut-être que j’arriverai grâce en partie à vous à obtenir un certain résultat.

Lettre à M. N. (entre 1953 et 1955)

J’ai eu l’idée des “ Trois figures ” quelques jours après avoir piloté des amis au Musée de Fontainebleau. Le point de départ fut donné à mon inconscient par le salon de jeux (je cherche toujours à comprendre après coup à comprendre le sujet de mes gribouillis inconscients). Dans ce salon se trouvent plusieurs chaises appelées “ voyeuses ” que le dictionnaire d’Art et Archéologie de Louis Réan définit comme suit “ chaise à accoudoir sur laquelle on s’asseyait à califourchon en appuyant les bras sur le dossier bas rembourré à sa partie supérieure ”. Ce genre de siège était destiné aux personnages qui regardaient jouer. Entre les jambes du personnage central chevauchant la voyeuse se trouve inséré (toujours le puzzle) la table à jeux avec quelques cartes retournés dont une suite (le six de cœur) est à l’endroit. A droite et a gauche deux personnages féminins épousent les contours de l’homme qui tient dans sa main une ceinture (il a du se mettre à son aise) rappelant un serpent ou un cordon, c’est l’équivalent du ruban blanc dans le “ Ruban bouillonné ”. Dans plusieurs de mes toiles, il y a des cordons ou des rubans (fixation de l’enfant à sa mère par le cordon ombilical, un cordon sectionné doit signifier rupture avec le milieu familial). Je m’excuse Monsieur, bien que je ne vous connaisse pas, de m’expliquer aussi totalement, mais je crois que je vous le devais.

Textes à propos d’Alfred-Georges Regner

  • 1948 : « Au bout de la nuit » de Robert-Paul Truck, Yves Demailly, éditeur. Portrait de l’auteur à la pointe-sèche
  • 1951 : « A.G. REGNER » par Georges Turpin, Collection “Palettes nouvelles”, Debresse Éditeur, Paris
  • 1973 : « L’Escalier de la nuit » par Yves Frontenac, Paris, SNPD Éditeur
  • 1990 : BONONIA n° 16, bulletin de l’Association des Amis des Musées de Boulogne-sur-Mer, article par Henry Lhotellier
  • 1991 : BONONIA n° 18, bulletin de l’Asociation des Amis des Musées de Boulogne-sur-Mer, article par Henry Lhotellier
  • 1991 : Catalogue exposition « A.G. REGNER-Œuvre gravé » au Musée des Beaux-arts de Calais, Patrick Le Nouëne conservateur
  • 1991 : Catalogue exposition « A.G. REGNER peintre graveur » au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer, Françoise Poiret conservateur
  • 1999 : E. Bénézit « Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs » Gründ Éditeur
  • 2002 : « Fontainebleau et ses villages d’art » par Patrick Daguenet aux Presses du village
  • 2002 : Catalogue raisonné « Alfred-Georges REGNER 1902-1987, peintre-graveur » Paris, SOMOGY Édition d’art . Auteurs Claude Abeille, Claude Bouret, Henry Lhotellier, Pascal Payen-Appenzeller, Antoine Terrasse, Isabelle Vauzelle,
  • 2003 : L’Ecole d’art de Calais de Laurent Buchard et Benoît Noël par La communauté d’Agglomération du Calaisis
  • 2003 : Première de couverture du livre Grammaire de 3e « Les outils de la langue » chez Hachette Education
  • 2005 : « Artistes contemporain en Basse-Normandie 1945-2005 » par le Conseil Général du Calvados, sous la direction de Louis Le Roc’h Morgère, conservateur en chef des Archives de Basse-Normandie, directeur des Archives du Calvados
  • 2006 : Laurétas du Prix catalogue de « La 7e Triennale de Chamalières – Mondial de l’estampe et de la gravure originale » où étaient invités le Prix Regner-Lhotellier, Alfred-Georges Regner et Henry Lhotellier
  • 2007 : Catalogue de l’exposition « Les liaisons heureuses », Nouvelle présentation des collections beaux-arts du Musée de Calais
  • 2007 : « Alfred-Georges REGNER Amiens 1902 - Bayeux 1907, peintre-graveur », livret de l’exposition commémorative du 20e anniversaire de la disparition de l’artiste réalisée à la Chapelle de la Tapisserie de la Reine Mathilde à Bayeux en 2007, par Louis Le Roc’h Morgère, Directeur des Archives du Calvados
  • 2009 : « Réunion de peintres et de graveurs à Bayeux, l’été 2009 » livret de l’exposition réalisée à la Chapelle du Musée de la Tapisserie de Bayeux par Louis Le Roc’h Morgère, Directeur des Archives du Calvados
  • 2010 : « Le beau Métier, quatre siècles de gravure en Basse-Normandie » livret de l’exposition réalisée à la Chapelle du Musée de la Tapisserie de Bayeux par Louis Le Roc’h Morgère, Directeur des Archives du Calvados
  • 2016 : Catalogue de l’exposition « Les peintres modèles de1800 à 1950 » à l’Espace-musée Charles Léandre, Condé-en-Normandie, commissaire Eric Lefèvre